Maryse Bastié, une aviatrice elle aussi hors du commun, talentueuse et obstinée a toute sa place dans cette série. Une vie pleine d’aventures et de records plus impressionnants les uns que les autres.
Marie-Louise Bombec voit le jour le 27 février 1898 à Limoges. Très tôt, elle affiche un tempérament intrépide. Ainsi, elle veut devenir marin comme son frère de deux ans son aîné et s’insurge que ce métier soit réservé aux garçons. Mais son père décède en 1908. Pour aider sa mère, son certificat d’études obtenu, elle travaille dans une usine de chaussures comme apprentie colleuse. Mais elle gagne très peu, 25 centimes par jour.
Maryse Bastié se marie avec un apprenti-peintre, met au monde un petit Germain puis divorce tandis que son frère meurt à Verdun le 1er juillet 1916. Devenue marraine de guerre, elle a alors la chance de tomber sur un lieutenant aviateur, Louis Bastié. À 20 ans, elle fait son premier baptême de l’air. Mariés en 1922, le couple s’installe à Talence.
Des débuts difficiles mais prometteurs
Toutefois, c’est un cirque ambulant qui décide du destin de la jeune femme. En effet ce dernier a engagé un pilote de guerre Roncercail pour faire de la publicité aérienne. Maryse Bastié lance les prospectus du haut d’un avion ce qui, de fil en aiguille, la mène à prendre des leçons de pilotage. Elle est douée et elle commence à piloter le 8 septembre 1925. Elle obtient son brevet seulement trois semaines après. Elle a 27 ans.
Mais l’aviation coûte cher. Aussi, pour faire parler d’elle le 6 octobre 1925 à bord d’un Caudron G.3 (le modèle avec lequel Adrienne Bolland a « passé » la Cordillère des Andes !) elle passe sous les câbles du pont transbordeur de Bordeaux, alors en travaux. Pari réussi mais sa notoriété est éphémère.
Louis Bastié meurt le 15 octobre 1926. Elle quitte alors Bordeaux pour Paris et réussit à passer un brevet du second degré. Le 1er décembre 1927 elle se fait embaucher comme professeur de pilotage à l’école Pilain dotée de… Caudron G.3.
A la fermeture de l’école en mai 1928, ses qualités de pilote lui permettent d’obtenir un Caudron 109. Pour gagner de l’argent elle se lance à son tour dans les meetings et les records.
Elle passe le brevet de transports publics le 11 octobre 1928 mais l’aviatrice ne peut faire que des baptêmes de l’air et donner des leçons de pilotage. Les femmes n’ont en effet pas le droit à cette époque de travailler dans les compagnies de transport aérien. Une mesure sexiste que Maryse Bastié combattra sans relâche tout comme l’égalité salariale.
Fin 1929, le ministère de l’air reconnaît ses immenses qualités de pilote et lui octroie une prime de 10 000 francs. Celle-ci lui permet notamment de rembourser ses emprunts.
De nombreux records mondiaux
Obstinée et courageuse elle bat de nouveaux records mondiaux. Le plus impressionnant est sans doute son vol en solitaire et sans escale de 37 heures et 55 minutes. Oui, vous avez bien lu presque 38 heures d’affilée entre le 2 et le 4 septembre 1930. Il lui a fallu pour cela combattre la faim, la soif et surtout le sommeil. Comme elle le racontera plus tard elle s’est aspergé les yeux d’eau de Cologne durant le vol pour rester éveillée. Un vol qui lui rapporte 50 000 francs, bien mérités, et donne à la France trois records : record féminin toutes catégories, record des avions de 2ème catégorie et record du vol en monoplace. Pour ce seul exploit, elle mérite amplement sa place au Panthéon des aviatrices.
Justement, en 1931 Maryse Bastié est enfin décorée de la croix de la Légion d’honneur. Elle reçoit aussi le prestigieux Harmon International Aviatrix Trophy,. Un prix accordé pour la première fois à une femme.
En octobre 1932 elle signe un contrat avec l’avionneur Potez. Celui-ci lui assure un salaire minimum de 3000 francs mensuels. Elle livre alors des avions en Espagne et dans les pays méditerranéens.
Nouveau drame en juin 1935, son fils Germain meurt dans ses bras, terrassé par la typhoïde. Puis elle perd son emploi. Mais loin de se décourager Maryse Bastié monte alors avec succès sa propre école de pilotage à Orly avec son ancien moniteur Guy Bart.
Mais elle rêve toujours de records et notamment de battre celui de la traversée de l’Atlantique Sud. Record qu’elle réalise à 38 ans non sans mal et quelques frayeurs le 30 décembre 1936. Elle traverse alors l’océan en douze heures et cinq minutes contre treize heures et trente minutes pour le précédent record.
Le 11 janvier 1937 Maryse Bastié entame une tournée triomphale à travers l’Amérique du Sud. Elle y retourne à la fin de l’année et passe à son tour la Cordillère des Andes à 6 000 mètres d’altitude cette fois en 2 heures et 10 minutes !
Une femme engagée dans la guerre
Durant le second conflit mondial, Maryse Bastié n’est pas autorisée en tant que femme à voler. Alors, en mai 1940, elle se met au service de la Croix-Rouge où son courage et sa pugnacité font là aussi merveille. Ainsi, elle est la première femme à porter assistance aux prisonniers et blessés de Drancy dès le 18 juin 1940. Elle organise également leur ravitaillement durant les jours suivants. À ce propos elle écrit : « J’ai fait de tout durant cette guerre, sauf de l’aviation mais je crois que j’aurai fait mon devoir et ce n’est pas si mal puis ajoutant je serre les dents pour rester en liberté. »
De fait, elle continue son activité au sein de la Croix-Rouge tout en informant des réseaux de Résistance. Arrêtée par la Gestapo le 21 avril 1944 elle est « interrogée » durant trois jours avant d’être libérée.
Sans argent à la fin de la guerre, l’aviatrice s’engage alors dans l’armée de l’Air en tant que lieutenant jusqu’au 16 avril 1946. Elle accomplit des tâches administratives. Un an plus tard le 14 avril 1947 ses mérites sont enfin reconnus. Elle est en effet la première femme à être élevée au grade de commandeur de la Légion d’honneur pour titres de guerre exceptionnels et faits de résistance.
Le 6 juillet 1952 Maryse Bastié meurt au cours d’un meeting de l’air à Lyon-Bron suite à une imprudence extrême du pilote, elle a 54 ans. Elle repose au cimetière du Montparnasse à Paris.